bienveillance

Témoignage d’une enfance sous la veo

Je vous avais dit dans un article que je vous ferais un récit de mon enfance, du moins une partie de mon enfance, pour vous expliquer, d’une autre façon les veo.

Parce que dire « les veo ça fait ça et entraîne ça », c’est vague pour certaines personnes, le fait de lire un témoignage peut aider à mieux comprendre parfois.

 

Je profite donc de la journée internationale contre les violences éducatives ordinaires, ce 30 avril, pour vous le faire.

Je vous rappelle que les veo,(les violences éducatives ordinaires) : ce sont toutes les violences physiques, psychologiques et morales : de la fessée, à la claque, aux insultes, à rabaisser, humilier, le chantage et il y a aussi les veo douces…

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Les types de VEO qui existent

Dans un de mes premier article, je vous avais déjà parlé des réflexions que l’on entend quand on pratique une éducation sans veo, dans un peu de bienveillance et sur des livres traitant de communication non violente.

 

Je ne vous cache pas, que c’est dur pour moi, d’écrire ce qui c’est passé dans mon enfance, ce sont des choses que j’essaie d’oublier, mais si mon témoignage peut aider des personnes, des enfants, des adultes et que les gens comprennent mieux les veo, je me suis dit lance-toi.

Et puis ce blog c’est un peu mon journal, je vous raconte mes coups de gueule, mes envies, mes doutes, je vous partage mon éducation bienveillante…

 

Car si je pratique une éducation sans veo ce n’est pas pour rien ou comme on peut lire « une mode » que je suis.

Pour certaines personnes, écouter les besoins de ses enfants, ne pas les taper ni frapper, ne pas donner de fessées, ne pas faire du chantage, ne pas punir… C’est une mode, ils se trompent, non c’est juste une éducation qui existe depuis longtemps et non ça ne donne pas des enfants rois, juste des enfants équilibrés et sûr d’eux.

Nous ne sommes plus au 15ᵉ siècle, mais en 2018, nous connaissons maintenant tous les dégâts que font les coups et les pleurs sur le cerveau des enfants et des futurs adultes qu’ils vont devenir, je vous en parle dans mon article sur le sommeil et la méthode du 5/10/15.

 

Je vais donc vous raconter un peu la partie de mon enfance qui a connu les veo et ensuite je vous dirai ce que tout ça a fait sur moi et sur l’adulte que je suis.

Un enfant qui a été tapé, frappé, insulté, humilié même s’il ne dit rien, il souffre et sera marqué plus tard dans sa vie adulte.

 

  • Voici donc mon histoire :

Mes parents se sont séparés lorsque j’avais 6 ans, je n’ai pas vu mon père ensuite pendant plusieurs années.

Ma mère a rencontré un homme lorsque j’avais 7ans, j’étais en ce1.

C’était un homme gentil avec moi, il me disait que j’étais la fille qu’il n’avait jamais eu.

Et puis un jour, il m’a dit, « si tu me fais un bisou, je t’amène à MC do » « si tu me fais un bisou je t’achète des Barbies », quand on a 7ans, on ne cherche pas plus loin, on fait le bisou.

Et puis un jour, les mots doux ont laissé place, aux coups et aux insultes.

Je ne finissais pas mon assiette, je devais rester devant des heures, jusqu’à ce qu’il ne reste aucune miette, j’y suis restée toute une après-midi une fois.

Je n’arrivais plus à apprendre mes leçons, mes tables de multiplications, il me les faisait réciter, si je me trompais juste une fois, je devais aller au coin, les mains derrière le dos, pour les réciter jusqu’à ce que je ne me trompe plus, il m’a humilié un jour en le faisant exprès devant un ami à lui qui était venu chez nous, je suis resté au coin tout le temps de sa visite.

Une fois j’ai oublié de mettre mes chaussons, j’ai dû aller chercher dans l’allée de la maison, devant mes amis du village qui jouait, des cailloux, les plus pointus possibles, s’il n’était pas assez pointus il les jetaient et je devais en prendre d’autres et j’ai dû rester pendant plusieurs heures, debout dessus.

Certains d’entre vous peuvent être choqué, triste ou d’autres dire ou penser que c’est normal, « faut bien les élever les enfants et se faire respecter » mais quand on est enfant, on le vit très mal.

Ça se passait mal à la maison, mais je gardais tout pour moi, je n’ai jamais rien dit à ma mère, à ma famille, à mes copines, à l’école.

Et stop aux idées préconçues, comme j’ai pu lire sur les réseaux sociaux, non ce ne sont pas que les gens au rsa, les « cassos » qui font subir des veo à leurs enfants, cette personne a une très bonne situation financière, propriétaire et comme on dit, on lui donnerait le bon Dieu sans confessions.

L’école, parlons en, mes résultats ont chutés, j’ai dû redoubler mon ce2.

J’avais des douleurs au ventre, jours et nuits, j’ai perdu tellement de poids, que j’ai failli être hospitalisé dans une clinique pour grossir, je faisais de l’anorexie. Les médecins ne trouvaient pas ce que j’avais, d’après eux c’était dans ma tête, j’inventais ces douleurs.

Après les coups c’était les humiliations et les paroles, car oui les veo passe par la violence des gestes mais aussi la violence des mots.

Les mots blessent et des fois c’est même pire que les coups, car ça ne part pas.

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Des phrases types de VEO

Si je pleurais, il se moquait de moi.

Je vous ai dit plus haut que mon père ne venait que très rarement me voir, donc ses paroles étaient, que si mon père ne venait pas, c’est qu’il ne m’aimait pas, qu’il ne se préoccupait pas de moi, alors que lui il m’élevait et m’éduquais.

Une phrase que j’ai souvent entendu « moi je suis le cake, mes fils, sont une tranche de cake, et toi tu n’es qu’une miette du cake », ce qui veut dire que lui est grand et moi … je suis rien.

« Tu ne feras rien de ta vie, tu n’arriveras à rien, tu es bête, tu es nulle, une moins que rien »… sont des paroles que j’entendais tous les jours.

Bien sur tout ça était normal pour lui, c’est moi qui n’écoutais pas à la maison, qui ne faisait pas mes devoirs, qui faisait crier ma mère et il faisait ça parce qu’il m’aimait et que c’était pour mon bien.

Le chantage était présent aussi car bien sur ma mère n’était pas au courant de tout ça « ça doit être notre petit secret, si tu le dis à ta mère, elle sera très triste et elle en mourra ».

À ceux qui disent « il fallait le raconter », c’est facile à dire et très dur à faire, les mots étiquettes « nulle », « moins que rien » qu’il me répétait, étaient ce que je pensais de moi, à me le dire sans arrêt, j’en étais arrivé au point de le croire, donc si j’en parlais à quelqu’un qui allait bien pouvoir me croire ?

Et puis surtout, il me faisait peur.

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Je n’ai jamais tout raconté à ma petite sœur, pour la protéger et pour qu’elle ait pas une mauvaise image de son père.

Et d’autres exemples encore que je ne me sens pas encore capable de raconter.

Ma mère l’a quitté lorsque j’ai eu 13 ans, elle a appris récemment certaines choses qu’il m’a fait.

Et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à avoir des amis, à prendre du poids, trop même et mes douleurs au ventre ont disparus.

 

  • -Les effets sur moi :

L’adulte que je suis devenu : c’est une femme qui n’a aucune confiance en elle, qui se rabaisse tout le temps, je suis une grande timide (le théâtre m’a beaucoup aidé).

Je n’accepte pas mon corps.

J’ai une grosse rancoeur envers cet homme, il m’a volé mon enfance, mon corps.

C’est tout un travail à faire sur soi aussi pour accepter qu’un homme me dise « tu es belle ».

A 32 ans, je m’en suis toujours pas remise, j’essaie d’oublier mais chaque jour j’y pense.

Depuis petite je savais que je ne voulais pas reproduire ce que j’ai vécu, je ne voulais pas que mes enfants souffrent comme moi j’ai souffert, je voulais qu’ils aient une enfance épanouie.

La justice française n’écoute pas les enfants, malheureusement pour les veo (du moins pour moi et c’était il y a 20 ans) j’ai fait un témoignage enfant qui n’a pas été reçu et adulte j’ai porté plainte également, après 2 années, elle a été rejetée.

J’ai tenu à vous faire mon témoignage, pour vous dire que oui, un enfant qui subit des veo souffre, toute sa vie, il est très dur de se reconstruire psychologiquement et physiquement et que même en recevant des coups, je n’ai pas plus écouté au contraire.

À ceux qui disent « une fessée, ça ne tue pas », si ça tue, ça tue psychologiquement, ça tue l’adulte qu’il va devenir, et une fessée, entraîne une autre fessée, qui entraîne une autre et un jour on peut plus se contrôler et c’est un coup qui part, les veo peuvent arriver très vite.

2 enfants meurt chaque jour sous les coups de leurs parents.

 

J’espère que maintenant vous comprenez mieux ma position envers les veo, les personnes qui la banalisent et qui disent que ce n’est pas grave.

 

Allez sur ce, je vais retrouver mes enfants pour avoir une grosse dose de chaudoudoux et aller respirer un grand coup dehors et sécher mes larmes. ❤️

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Vous aussi vous avez connu des veo dans votre enfance ? Hésitez pas à laisser votre témoignage, ça peut aider.


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12 commentaires sur “Témoignage d’une enfance sous la veo

  1. Une histoire un peu similaire 🙂
    Mes parents ont divorcés, mon père a commencé une relation avec une femme. Très belle, très avenante, tout comme toi j’étais comme sa fille. C’était la personne avec qui j’allais faire du shopping, elle m’emmenait partout.
    Et puis un jour, elle a commencé à m’humilier, je ne pouvais plus rentrer de l’école ( j’avais 2ans) sans avoir mal au ventre… En effet, un petit bout de dentifrice, ou un cheveux laissé dans le lavabo le matin, me donnait le droit a une gueulante du tonnerre, incluant l’énervement de mon père… Je ne raconterais pas ma vie en détail, mais ça a empiré. A 15 ans j’ai pris la décision de tous les envoyer chier ( elle crée des reunions entre mon père, ma mère, mon beau père, elle et moi où elle mentait à mon sujet) et j’ai demandé d’aller vivre chez ma mère. Personne ne s’en doutait..
    Aujourd’hui, le résultat c’est que: je ne peux faire confiance à personne. Je flaire les mauvaises personnes à des kilometres…
    Aujourd’hui, je suis dans la même situation qu’elle, j’élève l’enfant d’un autre… JAMAIS elle ne vivra ce que j’ai vécu. C’est d’ailleurs pour cette raison que notre relation est assez fusionnelle 🙂

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  2. Quelle horreur à lire ! C’est absolument admirable que tu aies réussi à te sortir de cette spirale en prônant la bienveillance dans ton foyer.
    J’ai reçu des fessées, j’ai dû répéter devant toute la famille des tables de multiplication que je ne connaissais pas (et tant que je n’arrivais pas à répondre du tac au tac, pas d’apéro), j’ai passé des dimanches entiers devant une assiette d’agneau froid (pour me rendre des années plus tard qu’en fait ma mère ne sait pas cuisiner…).
    Heureusement pour moi cela n’est pas allé aussi loin que toi, mais je suis devenue une femme qui n’a pas confiance en elle, et une maman qui aime ses enfants plus que tout, mais pourtant qui possède une violence en elle difficile à contenir. Je prends énormément sur moi pour ne pas donner de fessée, et parfois je n’arrive pas à me contenir, pour culpabiliser à mort derrière (et m’excuser).
    Merci pour tes mots et ces souvenirs qui ont dû être difficiles à exhumer.

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  3. Effectivement, vu ton passé, on comprend que tu ne veuilles pas que tes enfants subissent des actes de dévalorisations car cela a obligatoirement des incidences sur la confiance en soi à l’âge adulte. Personnellement, je n’ai pas connu ça durant mon enfance de la part de mes parents.
    Malheureusement la violence un peu trop banalisée surtout la violence verbale qui peut être (et tu l’as vécu) extrêmement dangereuse pour l’enfant. Ce sont des choses que je constate parfois en prenant les transports. C’est même effrayant !

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  4. bon article qui pousse à réfléchir. J’ai moi même subi des VEO toute mon enfance , je ne suis pas pour autant devenue introvertie ni rien, mais je me demande souvent ce qui aurait changé en moi avec un autre type d’éducation. J’éduque moi même mes enfants de manière plutot stricte, non par plaisir mais parce que je pense qu’il faut un certain cadre, car ce qui marche avec un enfant ne marche pas systématiquement pour un autre. Cependant je suis contre les punitions corporelles et je privilégie la réflexion à la punition même s’ils sont encore jeunes, je pense qu’en expliquant bien les choses les enfants sont aptes à comprendre les choses. J’espère qu’en grandissant ils deviendront des adultes respectueux et bien dans leur peau.

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